Les "dark patterns" : que désigne cette pratique, et comment la repérer ?

💡 Qu’est-ce qu’un dark pattern ?

Les « dark patterns », sont des interfaces ou des fonctionnalités de design délibérément trompeuses, conçues pour manipuler les utilisateurs et les inciter à faire des choix qu’ils n’auraient peut-être pas faits autrement.

L’objectif est souvent de maximiser un intérêt économique ou d’obtenir des actions bénéfiques pour l’entreprise, comme des clics, des abonnements ou la collecte de données, au détriment des droits ou de la volonté réelle de l’utilisateur.

Contrairement aux pratiques honnêtes de design, les dark patterns reposent sur des mécanismes psychologiques, des ambiguïtés, ou le manque d’information pour influencer les décisions de l’utilisateur.

 

Quelques exemples de techniques de « dark patterns »

Tromper pour consentir

Exemples :

  • Les cases pré-cochées pour accepter des conditions générales, des newsletters ou des cookies.
  • La présentation biaisée d’un consentement : par exemple, afficher « Tout accepter » en gros et « Personnaliser mes choix » en tout petit, avec un parcours fastidieux.

Dans quel objectif ?

  • Les utilisateurs donnent leur consentement sans être réellement informés (en violation potentielle du RGPD).

 

Rendre difficile de refuser ou de partir

Exemples :

  • Un bouton « Se désabonner » caché dans un sous-menu, ou un processus en plusieurs étapes pour annuler un abonnement.
  • Obliger l’utilisateur à contacter un service client pour supprimer un compte.

Dans quel objectif ?

  • L’utilisateur est piégé dans un abonnement ou un service qu’il souhaite quitter.

 

Créer un faux sentiment d’urgence

Exemples :

  • Des messages comme « Seulement 3 articles restants ! » ou « Promotion valable jusqu’à minuit ! » alors que l’offre est permanente.

Dans quel objectif ?

  • L’utilisateur est poussé à prendre une décision impulsive sans réflexion.



Présenter des informations biaisées ou ambiguës

Exemples :

  • Utiliser un jargon technique pour cacher les impacts réels, comme l’étendue de la collecte de données.
  • Afficher des tarifs sans mentionner les frais additionnels.

Dans quel objectif ?

  • L’utilisateur prend une décision basée sur une compréhension partielle ou erronée de la situation.

 

Culpabilisation ou manipulation émotionnelle

Exemples :

  • Messages tels que « Vous allez regretter cette offre » ou « Êtes-vous sûr de vouloir abandonner ? Nos employés comptent sur votre soutien ! ».

Dans quel objectif ?

  • L’utilisateur est influencé par des émotions comme la culpabilité ou la peur plutôt que par sa propre volonté.

 

Effet de labyrinthe ou « roach motel »

Exemples :

  • Facilité d’inscription, mais processus complexe pour se désinscrire ou supprimer ses données.

Dans quel objectif ?

  • L’utilisateur reste bloqué dans un service qu’il voulait quitter.

 

⚖️ Les implications légales des dark patterns

Les dark patterns posent des problèmes sérieux de conformité, notamment au regard du RGPD et des droits des consommateurs en Europe.

A titre d’exemple, en matière de conformité, ces techniques posent problème en vertu des principes suivants :

  • Principe de transparence : Les dark patterns violent souvent l’obligation de fournir une information claire, compréhensible et accessible (article 12 du RGPD).
  • Consentement libre et éclairé : Le consentement obtenu par manipulation n’est pas valide (article 7 du RGPD). Un exemple classique est l’utilisation de cases pré-cochées pour accepter le partage de données.

 

Bien évidemment, le recours à de telles pratiques ne pose pas seulement problème au regard de la protection des données :

     → Les législations nationales, comme en France (articles L121-1 et suivants du Code de la consommation), interdisent les pratiques trompeuses, ou pratiques commerciales déloyales.

 

Les entreprises qui ne se conforment pas au RGPD s’exposent à des sanctions, notamment financières. Ainsi, et à titre d’illustration, l’utilisation de dark patterns pour manipuler le consentement des internautes lors de l’acceptation des cookies, pratique souvent dénoncée auprès de la CNIL, peut entraîner des amendes pouvant aller jusqu’à 20 millions d’euros ou 4 % du chiffre d’affaires annuel mondial dans les cas les plus sérieux.

 

👥 Conséquences sociales et éthiques

Les dark patterns ne sont pas seulement une question de conformité. Ils affectent également :

  • La confiance des utilisateurs : Les pratiques trompeuses sapent la crédibilité des entreprises.
  • L’autonomie des individus : Elles manipulent les décisions, remettant en cause la liberté de choix.
  • L’environnement numérique : Elles contribuent à une expérience utilisateur perçue comme hostile ou déloyale.

 

⚔️ Comment éviter ou lutter contre les dark patterns ?

Pour les utilisateurs :

Soyez attentifs :

  • Lisez attentivement les termes et conditions.
  • Recherchez les options souvent cachées, comme « Refuser » ou « Paramétrer ».

Utilisez des outils :

  • Les navigateurs comme Firefox ou Brave proposent des bloqueurs de cookies invasifs.
  • Les extensions comme « Consent-O-Matic » simplifient le refus des cookies.

Signalez les abus :

  • En cas de pratiques déloyales, déposez une plainte auprès de la CNIL ou d’autres autorités compétentes.

 

Pour les entreprises et designers :

Favorisez l’éthique :

  • Privilégiez des designs clairs et honnêtes. Par exemple, proposez des boutons « Accepter » et « Refuser » de même taille.

Respectez les réglementations :

  • Conformez-vous au RGPD et aux bonnes pratiques. Faites appel à des experts en conformité pour valider vos designs.

Testez vos interfaces :

  • Réalisez des tests utilisateurs pour garantir que vos choix de design sont compréhensibles et accessibles.

 

Les dark patterns, bien qu’efficaces à court terme pour inciter les utilisateurs à agir, entraînent des conséquences négatives pour les entreprises et les utilisateurs. Une interface respectueuse et transparente renforce non seulement la conformité légale, mais aussi la confiance à long terme ! Les dark patterns, eux, appartiennent à un modèle d’interaction numérique que l’on cherche de plus en plus à dépasser, au profit de pratiques plus responsables.

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Article rédigé par Ninon MAIRE, le 10/01/2025

 

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