DPO en entreprise : un levier de performance économique et de sécurité
24/07/2025
Sommaire
« La conformité au RGPD n’est pas qu’une contrainte : elle peut aussi devenir un atout pour l’entreprise », deuxième édition !
La CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés) a récemment publié une nouvelle analyse mettant en avant les bénéfices économiques qu’apporte un délégué à la protection des données (DPO) en entreprise.
Quel que soit son secteur d’activité ou sa taille, une organisation peut tirer profit de la présence d’un DPO, au-delà de la simple obligation légale, comme le montrent les résultats d’une étude menée en 2024, croisés avec des retours d’expérience de terrain.
Ce constat est au cœur de l’étude de la CNIL sur les bénéfices économiques du DPO, qui démontre que la conformité peut rimer avec performance. De plus en plus d’organisations réalisent que nommer un DPO ne sert pas uniquement à éviter des ennuis juridiques, mais peut aussi apporter un avantage concurrentiel.
Contexte de l’étude
Depuis 2018, la CNIL et le Ministère du Travail, en partenariat avec l’AFCDP (association des DPO), pilotent un Observatoire du métier de DPO pour suivre l’évolution de cette fonction. En 2024, la quatrième enquête de cet observatoire a été menée – elle a mobilisé 3 625 répondants, un record de participation depuis la première édition en 2019. L’objectif était notamment d’évaluer les retombées positives de la fonction de DPO dans les entreprises, plusieurs années après l’entrée en application du RGPD.
Les résultats statistiques de cette enquête ont été publiés en juillet 2024. En 2025, la CNIL a souhaité les actualiser et les illustrer en réalisant des entretiens avec dix DPO issus du terrain. Ces professionnels, proposés par l’AFCDP, ont partagé leur expérience concrète afin d’étayer les conclusions de 2024. Autrement dit, l’étude de 2024 n’est pas nouvelle, mais la CNIL la met de nouveau en lumière en 2025, en la complétant par des témoignages pour confirmer et illustrer les bénéfices identifiés.
Méthodologie : enquête quantitative et entretiens qualitatifs
L’enquête 2024 a été réalisée via un questionnaire en ligne, piloté par l’AFPA (Agence pour la formation professionnelle des adultes) à la demande du Ministère du Travail, de la CNIL et de l’AFCDP. Ce questionnaire a été envoyé à l’ensemble des DPO désignés auprès de la CNIL en France en janvier 2024, et 3 625 DPO y ont répondu.
Le panel comprenait des DPO de tous types (internes, mutualisés ou externes) et reflétant des entreprises de toutes tailles et secteurs. Par exemple, 57 % des DPO internes interrogés travaillent dans des structures de moins de 250 salariés, preuve que la fonction touche désormais beaucoup de PME et pas seulement les grands groupes. Tous les grands domaines d’activité étaient représentés, avec notamment une forte proportion de DPO dans le secteur IT/consulting (24 %) et dans la finance/assurance (17 %).
En complément de cette base chiffrée, la CNIL a mené des entretiens approfondis en 2025 avec dix DPO volontaires. Ces échanges qualitatifs ont permis de mettre en perspective les chiffres de l’enquête et d’apporter un éclairage narratif sur la manière dont un DPO génère concrètement de la valeur dans son entreprise.
Résultats de l’enquête : quels bénéfices apporte le DPO ?
L’enquête de 2024 s’est intéressée aux bénéfices économiques liés à la présence d’un DPO dans une organisation. En d’autres termes, au-delà du respect obligatoire de la loi, quels avantages tangibles une entreprise peut-elle retirer de la fonction de DPO ? Les réponses des participants ont fait ressortir quatre grandes catégories de bénéfices liés au rôle du DPO :
- Levier pour gagner des appels d’offres : un DPO renforce la confiance des clients et améliore les chances de remporter des contrats (cet avantage est cité par ~42 % des DPO interrogés).
- Évitement des sanctions : en aidant l’entreprise à se conformer au RGPD, le DPO diminue le risque d’amendes coûteuses et préserve la réputation de l’organisation.
- Prévention des fuites de données : le DPO contribue à la sécurisation des systèmes et à la sensibilisation du personnel, limitant ainsi les risques de violations de données aux conséquences financières lourdes.
- Rationalisation de la gestion des données : en appliquant les principes RGPD (moindre collecte, durée de conservation limitée, etc.), le DPO aide à optimiser les données stockées, ce qui peut générer des économies informatiques et une meilleure efficacité interne.
Nous détaillons ci-après chacun de ces bénéfices, tels qu’ils ressortent de l’enquête et des entretiens menés par la CNIL.
🤝 Un atout pour remporter des appels d’offres
Pour une entreprise, afficher un haut niveau de conformité aux règles de protection des données peut devenir un véritable avantage concurrentiel. La CNIL souligne que la présence d’un DPO au sein d’un candidat constitue un vecteur de confiance important lors des procédures d’appel d’offres, en particulier lorsque le contrat implique des données personnelles. En effet, avoir un DPO atteste que l’organisation prend au sérieux les enjeux de conformité, ce qui rassure le client. Le DPO sert par ailleurs d’interlocuteur privilégié pour le donneur d’ordre pendant l’exécution du projet (documentation des traitements, clauses de sous-traitance, conseils, etc.).
L’enquête de 2024 a chiffré cet impact : 42 % des DPO interrogés déclarent que la fonction de DPO est un atout pour gagner des marchés, proportion qui monte à 50 % parmi les DPO qui sont consultés activement par leur hiérarchie. Comme l’illustre un témoignage, après avoir mis en avant la conformité RGPD dans sa stratégie commerciale, une entreprise a vu ses chances de remporter des appels d’offre « augmenter de moitié » d’après son DPO. Autrement dit, intégrer la protection des données dans son argumentaire permet de démarcher de nouveaux clients plus efficacement.
Certains DPO vont même au-delà de la mise en conformité minimale en faisant de la protection des données un argument de valeur pour l’entreprise. Par exemple, lors des entretiens, plusieurs DPO ont expliqué s’impliquer dans la stratégie RSE (responsabilité sociétale des entreprises) de leur société afin de valoriser les efforts de conformité dans l’image de marque globale. Cette approche proactive fait de la conformité un élément de différenciation positive, plutôt qu’une simple contrainte administrative.
💸 Éviter des sanctions coûteuses et protéger la réputation
Les manquements au RGPD peuvent entraîner des sanctions financières lourdes. En 2024, la CNIL a prononcé 87 sanctions, pour un total de 55 millions d’euros d’amendes. Au-delà du coût immédiat, une sanction publique ternit gravement l’image de l’entreprise. Dans l’enquête, les DPO insistent sur l’importance d’éviter une sanction non seulement pour économiser de l’argent, mais surtout pour préserver la réputation de l’organisation auprès des clients et partenaires.
En effet, pour les entreprises dont la confiance des utilisateurs est un pilier du modèle d’affaires (banques, technologies, etc.), être condamnée pour non-conformité serait désastreuse : perte de clients, érosion de la marque, voire dégradation de la note financière de l’entreprise.
Le DPO joue un rôle central pour prévenir ce risque. Par son action d’information, de conseil, de contrôle et de sensibilisation en interne, il aide l’organisme à se mettre en conformité et à réduire la probabilité de manquements sanctionnables. Il peut par exemple s’assurer que les demandes d’exercice des droits des personnes (accès, suppression des données, etc.) soient traitées correctement et dans les délais, évitant ainsi des plaintes et sanctions. Le DPO est également le point de contact privilégié de l’autorité de contrôle (la CNIL) : à ce titre, il prépare et facilite les éventuels contrôles, ce qui contribue à protéger l’entreprise.
Plusieurs DPO interrogés confirment que leur présence a permis d’éviter des erreurs coûteuses. Ils soulignent que sans un DPO vigilant, certaines initiatives marketing ou techniques auraient pu enfreindre le RGPD et exposer l’entreprise à des pénalités. Grâce au DPO, ces projets ont pu être ajustés en amont pour rester conformes, évitant ainsi des soucis juridiques ultérieurs.
💡 En somme, un DPO actif offre une forme d’assurance anti-sanction : il ne garantit pas à 100 % qu’aucun incident ne surviendra, mais il réduit significativement le risque d’une infraction involontaire et de ses conséquences financières et réputationnelles.
🩹 Mieux prévenir les fuites de données et cyberattaques
Outre les sanctions, les entreprises redoutent les fuites de données et autres cyberattaques, qui peuvent leur coûter très cher. Un rapport IBM de 2024 estime le coût moyen d’une violation de données à 5 millions de dollars, en hausse de 10 % par rapport à l’année précédente.
Une seule attaque informatique peut engendrer des frais énormes (réponse à l’incident, indemnisation, perte d’activité) et entamer la confiance des clients. Des études montrent même qu’une fuite massive de données peut faire chuter la valorisation boursière d’une grande entreprise.
Sur ce volet, le DPO contribue directement à réduire les risques de violations. Par exemple, il veille à ce que des mesures de sécurité adaptées protègent les données personnelles (chiffrement, contrôle d’accès, sauvegardes, etc.), et participe aux analyses d’impact sur la vie privée lors du déploiement de nouveaux projets. Il peut initier des audits de conformité internes, alerter la direction en cas de faille de sécurité identifiée, et surtout organiser des formations de sensibilisation pour les employés.
L’humain étant souvent le maillon faible en cybersécurité, éduquer le personnel est essentiel. Ainsi, dans l’un des cas rapportés, après une campagne de formation anti-phishing orchestrée par le DPO, le taux de clic des salariés sur des liens malveillants est tombé de 21 % à seulement 5 % – une amélioration significative réduisant d’autant le risque d’intrusion.
En cultivant ces bonnes pratiques et une vigilance collective, le DPO aide l’entreprise à détecter plus tôt les incidents potentiels et à y répondre de manière adéquate.
S’il ne remplace pas les équipes techniques de cybersécurité, son regard transversal (juridique, organisationnel et technique) permet de s’assurer que la protection des données est intégrée dans tous les processus. Son rôle de coordinateur, faisant le lien entre la direction, le service IT et les opérationnels, renforce la résilience globale de l’entreprise face aux menaces informatiques.
🗂️ Rationaliser la gestion des données pour gagner en efficacité
Le dernier grand apport du DPO mis en évidence concerne la gestion interne des données. Le RGPD impose des principes tels que la limitation des finalités (ne collecter que ce qui est nécessaire), la minimisation des données collectées, ou encore la limitation de la durée de conservation.
En poussant l’entreprise à respecter ces règles, le DPO l’incite à faire le tri dans ses données et à adopter des pratiques plus sobres et structurées.
Cette rationalisation des données présente un double avantage économique. D’une part, elle génère des économies opérationnelles : stocker moins de données permet de réduire les besoins en serveurs et en stockage, et donc d’abaisser les coûts informatiques.
Par exemple, un DPO d’une entreprise (~150 millions d’euros de chiffre d’affaires) a expliqué lors des entretiens que la mise en conformité RGPD a permis de supprimer des bases obsolètes et d’économiser 400 000 € en coûts de serveurs.
D’autre part, limiter les données conservées renforce aussi la sécurité : « moins de données collectées et conservées signifie moins de points d’entrée pour les cybercriminels et donc une surface d’attaque réduite ». Autrement dit, en conservant uniquement les informations réellement utiles, l’entreprise réduit sa vulnérabilité face aux vols de données.
Plus généralement, le DPO aide à instaurer une gouvernance de l’information plus efficace. En documentant les traitements dans un registre, en évitant les silos et doublons de fichiers, et en centralisant les référentiels, il contribue à une meilleure visibilité sur le patrimoine de données de l’entreprise.
Les équipes peuvent ainsi retrouver plus facilement les informations pertinentes, ce qui améliore l’efficacité des processus internes et la qualité de la prise de décision. Le DPO fait le lien entre les différents services autour de la donnée (IT, marketing, juridique, etc.), facilitant une approche cohérente et rationnelle.
💡 Cette optimisation peut sembler moins visible que l’évitement d’une amende, mais sur le long terme elle se traduit par des gains de temps, de place et d’argent non négligeables pour l’entreprise.
Limites de l’étude et pistes d’amélioration
Les enseignements de cette étude doivent être nuancés. Toutes les entreprises disposant d’un DPO ne constatent pas systématiquement ces bénéfices.
La perception de la valeur du DPO dépend en réalité beaucoup de la culture interne et de l’importance accordée à la conformité par la direction. L’analyse statistique de la CNIL montre que les bénéfices évoqués sont surtout reconnus dans les grandes entreprises et celles qui abordent le RGPD comme un levier stratégique plutôt que comme une contrainte subie.
À l’inverse, dans les structures où la conformité est vue uniquement comme une obligation réglementaire, le rôle du DPO est souvent moins valorisé et ses recommandations moins suivies, ce qui limite de fait son impact.
Il faut également noter que l’enquête repose sur les déclarations des DPO eux-mêmes. Leur point de vue est précieux, mais il peut être utile de le compléter par d’autres indicateurs concrets (par exemple, mesurer le ROI – retour sur investissement – de la fonction DPO via des métriques financières). Chaque entreprise étant unique, les bénéfices réels peuvent varier : certaines tireront un grand profit d’un DPO très impliqué, là où d’autres, faute d’investissement ou de soutien, en percevront moins les effets.
Justement, l’étude de la CNIL met en évidence un point clé : les entreprises qui investissent dans la fonction de DPO (temps, ressources, importance hiérarchique) sont celles qui en retirent le plus de bénéfices. En d’autres termes, plus le DPO est intégré et doté de moyens, plus il pourra accomplir efficacement sa mission – et plus l’entreprise en ressentira les effets positifs (meilleure conformité, moins de risques, plus de valeur ajoutée).
La CNIL propose ainsi plusieurs bonnes pratiques pour que l’investissement dans un DPO porte ses fruits :
- Impliquer le DPO dans la gouvernance : l’associer aux réunions stratégiques (comité de direction, gestion de projets) afin d’aligner la conformité avec les objectifs business de l’entreprise.
- Intégrer la conformité au cœur de la stratégie : lier la protection des données aux démarches de RSE et à la politique de sécurité informatique, pour une approche cohérente et proactive de la conformité.
- Objectiver la valeur du DPO : chercher à quantifier (même de façon estimative) les bénéfices économiques apportés par le DPO – par exemple en collaborant avec le contrôle de gestion pour évaluer les économies réalisées ou les risques évités – afin de démontrer concrètement son apport.
- Cultiver une culture de la conformité : former et sensibiliser l’ensemble des collaborateurs aux enjeux de protection des données, de sorte que le DPO soit perçu comme un créateur de valeur au service de tous, et non comme un empêcheur de tourner en rond.
En conclusion, cinq ans après l’entrée en vigueur du RGPD, cette étude confirme qu’un DPO ne représente pas uniquement un coût ou une obligation réglementaire : c’est un investissement rentable pour l’entreprise. Lorsqu’il est bien positionné et soutenu, le DPO agit comme un véritable atout transverse – réduisant les risques juridiques et cyber, améliorant l’efficacité interne et renforçant la confiance des clients. Toutes les organisations, des PME aux grands groupes, peuvent donc gagner à valoriser la fonction de DPO afin de transformer la contrainte de conformité en un avantage compétitif durable.
Sources : CNIL, Observatoire du DPO 2024 et Analyse « Quels bénéfices économiques du DPO en entreprise ?» (23 juillet 2025)
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